Nous adressons nos félicitations à votre camarade Roger Miranda Diono, qui vous convie à sa soutenance ; sa thèse, réalisée sous la direction de Mina Kleiche-Dray, et dont la soutenance aura lieu le 11 décembre à 9h au Sénégal, à l’adresse suivante (Université Gaston Berger (UGB) du Sénégal, Salle de Conférences de l’École Doctorale des Sciences et des Technologies, BP 234, Nationale 2, route de Ngallèle, Saint-Louis) porte sur le sujet suivant : « Savoirs locaux et participation communautaire au développement durable : les pratiquesécologiques des Gandiolais dans la gestion des zones côtières à Saint-Louis (Sénégal) ».
Roger Miranda Diono vous propose un résumé de sa thèse :
« La région de Saint-Louis du Sénégal est considérée comme une zone à risques du fait de son anthropisation (Ba 2020) et de l’impact du changement climatique. Les pollutions, l’érosion côtière, les inondations, la perte de la biodiversité́ et de la mangrove sont autant de signes expressifs de la dégradation de l’environnement. En conséquence, le tourisme, la pêche, l’agriculture, l’élevage et l’habitat se trouvent particulièrement impactés par ces transformations. Malgré les efforts des pouvoirs publics pour une gestion durable des espaces littoraux, l’érosion côtière et la salinisation des eaux et des terres entrainent la destruction d’habitations et d’unités touristiques, la perte des ressources halieutiques (poissons) et la migration des pécheurs du milieu. De son côté́, la communauté de Gandiol, installée depuis longtemps dans l’estuaire du Sénégal, a développé des moyens de lutte contre les conséquences du phénomène écologique. Ce constat nous a amené à nous interroger sur leurs savoirs en tant que pratiques de conservation de la faune (terrestre et aquatique) et de lutte contre le changement climatique. Autrement dit, notre questionnement se focalise sur les conditions de possibilité de mise en dialogue entre les savoirs locaux (expériences, savoir-faire, pratique, etc.) de la communauté du Gandiol et les savoirs des experts nationaux et internationaux qui œuvrent pour une mise en pratique du concept de développement durable dans les politiques de gestion des zones côtières et du littoral sénégalais. La méthodologie, de type socio-anthropologique qualitative (ethnographie), permet de lire la dynamique sociale se révélant à travers la production du quotidien par les acteurs. Ainsi, le modèle de l’étude de cas a permis d’entrer en profondeur avec la situation réelle des acteurs et de recueillir des informations riches et diverses à l’aide d’une pléthore d’outils de collecte de données tels que le guide d’entretien, le focus-group, l’entretien biographique, l’observation participante ainsi que la littérature. Cette méthode nous a permis de donner la parole aux principaux acteurs concernés par la recherche : OCB (GIE de jeunes et de femmes exerçant dans la transformation de produits halieutiques), structures de l’État (DREEC, DPN, DAMCP, CSE, etc.), chercheurs (enseignants et chercheurs travaillant sur la question) et ONG, pendant une durée de douze mois. Les résultats obtenus ont permis de voir que les savoirs naturalistes locaux contribuent à éclairer la lanterne de l’intervention des acteurs institutionnels (État et ONG) dans les actions de gestion côtière. Mais une prise en compte effective n’est pas totalement acquise parce que le temps court de l’intervention des projets fait que les jours sont souvent comptés pour l’évaluation des résultats. Les gestionnaires, censés produire des résultats dans l’immédiat, se fient donc au type de savoir auquel ils ont le plus confiance pour atteindre rapidement les objectifs visés : le savoir scientifique conventionnel pour sa capacité de produire des résultats attestés par tous. En plus, dans le « jeu transactionnel » (Sarr 2017) qui unit ces acteurs, l’État sait se reproduire au niveau local pour contrôler l’action communautaire. Donc, la mainmise de l’État dans les affaires communautaires ne favorise pas l’éclosion des dynamiques locales parce que dans les transactions, l’État, lui-même, valorise la culture dominante. C’est aussi à cette dure réalité que se heurte la question de l’implication des savoirs locaux dans l’action de gestion côtière. »